Insegnare la storia come se i poveri, le donne e i bambini contassero qualcosa – BRAZIER (CC)

BRAZIER, Chris. Insegnare la storia come se i poveri, le donne e i bambini contassero qualcosa, avec la collaboration de Claudio Economi et Antonio Nanni. Turin: Editions Sonda, 2001 (1re éd. or. 1989 ; 1re éd. it. 1992), 240 p. Resenha de: HEIMBERG, Charles. Le cartable de Clio – Revue romande et tessinoise sur les didactiques de l’histoire, Lausanne, n.1, p.217-218, 2001.

Brève histoire du monde, tel est le titre d’un court essai de Chris Brazier dont la traduction en italien constitue l’essentiel de ce petit volume. Paru à l’origine, il y a une douzaine d’années, dans la revue New Internationalist, ce texte constitue une tentative de décloison- ner l’histoire enseignée, de l’ouvrir à une approche plus universelle et plus attentive à toutes les composantes de l’aventure humaine (y compris, comme l’indique le sous-titre, du point de vue des pauvres, des femmes et des enfants).

L’orientation de ce bref récit de l’histoire universelle est clairement annoncée : elle est à la fois écologiste et internationaliste, elle se veut d’abord attentive au point de vue des opprimés et des dominés. En tant que telle, elle est aussi profondément discutable, notamment quand l’auteur remet en question l’idée de progrès en désignant désormais le conservatisme comme correspon- dant à une attitude de préservation de l’avenir de la planète, en termes de développement durable et d’un point de vue écolo- giste. Ce qui revient à liquider, par un ren- versement des points de vue, deux siècles de luttes politiques et sociales pour la démocra- tie et les droits humains (p. 193).

La lecture de cet essai ouvre toutefois des portes sur des mondes ou des domaines trop longtemps ignorés. Par exemple, l’auteur voque le génocide des peuples aborigènes en Australie. Ou les apports si riches, mais tellenent négligés, de la civilisation indienne. Malheureusement, la brièveté de la démarche l’enferme forcément dans une vision par- tielle, à tel point qu’il n’évoque même pas, par exemple, un événement aussi révélateur et symbolique que les massacres coloniaux de Sétif de mai 1945. En fin de compte, nous avons là une version anglo-saxonne de la démarche originale de reconstruction d’un récit historique sans emprise nationale que l’historienne Suzanne Citron a déjà engagée dans l’espace francophone (voir L’histoire des hommes, Paris, Syros, 1996).

Tous les chapitres de cette histoire universelle renouvelée donnent lieu à des proposi- tions de lecture, souvent fort judicieuses, mais qui ne concernent que les publications en italien. Et cette démarche, complétée par une mise au point transalpine portant sur la dernière décennie, est fort intéressante. Elle reste cependant très incomplète. Non seule- ment parce qu’un nombre de pages si limitéempêchait d’embrasser vraiment tous les aspects significatifs de l’histoire humaine. Mais surtout parce que le renouvellement de l’histoire enseignée ne saurait se contenter seulement d’une ouverture thématique – attentive à l’histoire des minorités comme à la diversité des points de vue possibles – dans la mesure où il doit s’interroger également sur la manière de proposer aux élèves la construc- tion d’une véritable pensée historique.

Charles Heimberg – Institut de Formation des Maîtres (IFMES), Genève.

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